Madagascar est l’un des pays les plus prioritaires au monde en matière de conservation de la biodiversité parce qu’il dispose d’espèces exceptionnellement riches et d’un nombre élevé d’espèces végétales et animales uniques, mais aussi parce que ses ressources écologiques, culturelles et économiques subissent des menaces de grande ampleur. Il existe à Madagascar plus d'espèces uniques de plantes et d'animaux que sur l'ensemble du continent africain, dont plus de quatre-vingts pour cent ne se trouve nulle part ailleurs. En raison de cette spécificité exceptionnelle de ses espèces, la perte d'un hectare de forêt dans ce pays peut avoir un effet plus important sur la biodiversité qu’une perte de forêt ailleurs sur terre, faisant de Madagascar probablement la plus haute priorité de la planète en matière de biodiversité.
Défis
Une pauvreté extrême et généralisée, aggravée par un taux de natalité élevé et des pratiques d’aménagement peu durable des terres, est un élément déterminant des menaces multiples auxquelles fait face la riche biodiversité de Madagascar. La pauvreté extrême empêche les possibilités de croissance humaine et limite fortement le développement économique. L’accroissement rapide de la population augmente la demande en terres et en ressources naturelles, tandis que la dégradation de l'environnement, due en grande partie à la culture sur brûlis, à la collecte du bois de chauffage et à la récolte non durable des animaux sauvages, détruit les ressources de la biodiversité et rend certaines zones improductives à d’autres usages. Une exploitation forestière illégale, une pêche illicite et une récolte non durable de plantes et d'animaux menacés intensifient encore plus la pauvreté extrême que vit le pays et compromettent l’importance et l'efficacité des institutions gouvernementales malagasy. A défaut d’une gouvernance efficace pour protéger les ressources naturelles contre les abus, les populations locales seront de plus en plus indifférentes aux activités de subsistance respectueuses de l'environnement, qui présentent des avantages durables à long terme, pour satisfaire des besoins immédiats de survie et empêcher les étrangers de s'approprier impunément leurs ressources naturelles. Ainsi, un nombre croissant de Malagasy reste pris au piège de la pauvreté et risque de s’appauvrir davantage à mesure de l’épuisement des stocks de ressources.
Outre ces objets de préoccupation, des impacts prévus du changement climatique menacent également le bien-être de la biodiversité du pays et de ses habitants. En raison de sa situation géographique, Madagascar est régulièrement soumis à de puissants cyclones qui endommagent les écosystèmes et détruisent les infrastructures, particulièrement sur les côtes, et le changement climatique devrait augmenter en nombre et en gravité. En outre, les précipitations dans certaines régions du pays vont s'intensifier et provoquer une recrudescence des inondations et de l’érosion, tandis que les précipitations dans le sud vont diminuer et devenir plus imprévisibles. La sécheresse prolongée dans le sud a déjà causé des souffrances considérables aux habitants et le lourd tribut à payer sur le long terme sur les ressources biologiques de la région doit encore faire l’objet d’une évaluation. L'augmentation du niveau de gaz carbonique dans l'atmosphère entraîne un réchauffement et une acidification des océans qui menacent les écosystèmes coralliens et les autres habitats marins. Enfin, l'élévation du niveau de la mer autour de Madagascar, qui a le littoral le plus long de tous les pays d'Afrique, font subir aux communautés et aux habitats des dégâts encore plus importants à cause des cyclones et des inondations et contraindront les habitants à quitter définitivement leur domicile.
Nouveau projet environnemental
L’USAID à Madagascar lance en 2017 un nouveau projet environnemental : le Projet Conservation et Communautés (CCP) qui appuiera la protection du capital naturel de Madagascar, élément essentiel du développement durable du pays. Le projet permettra d'améliorer la conservation de la biodiversité unique du pays, de promouvoir des moyens de subsistance résilients pour servir d’alternatives aux pratiques de gestion des ressources naturelles non durables et des mesures concrètes pour assurer une gestion locale efficace et une appropriation des ressources naturelles.
Pour obtenir ces résultats, le CCP comprendra deux activités principales. La première, intitulée Hay Tao, qui signifie «savoir-faire» en malagasy, aidera les partenaires au développement, dont le Ministère de l'Environnement, de l'Ecologie et des Forêts (MEEF) et le Ministère des Ressources Marines et de la Pêche (MRHP), à améliorer les conditions et les cadres stratégiques qui favorisent une meilleure gestion des ressources de la biodiversité, une sécurisation renforcée de la gestion des ressources naturelles et un engagement efficace de la société civile. La deuxième activité sera un effort de conservation in situ dénommé Mikajy, qui signifie «prendre soin de» en malagasy, et qui travaillera à réduire les menaces sur les zones protégées ciblées et les écosystèmes à forte valeur de biodiversité grâce à une meilleure gestion, à de meilleures opportunités économiques, à un meilleur accès aux services sociaux, mais aussi grâce à un appui à la gestion des ressources naturelles et aux droits de propriété.
Résultats récents
Le projet «Préserver les ressources naturelles de Madagascar» (SCAPES) a pris fin en septembre 2016. Les activités visaient à lutter contre le trafic de bois précieux et de reptiles dans les forêts humides du nord-est de Madagascar, ainsi qu'à former des acteurs clés pour surveiller, sensibiliser et lutter contre le trafic de bois et d’espèces sauvages au niveau régional et national. Ce processus a mobilisé divers membres de la société, des organisations communautaires aux négociants en bois, aux journalistes, aux gardes forestiers, aux autorités chargées de l'application de la loi, aux tribunaux et aux ministères du gouvernement.
Grâce à cette activité, une formation a été dispensée sur l'identification accrue des espèces de bois et de reptiles, l'élaboration de cadres juridiques pour améliorer la gestion et réduire le trafic d’espèces sauvages, et le développement des compétences des organisations de la société civile (OSC) et des journalistes d'investigation dans le signalement des pratiques illégales. Grâce à l'appui de l'USAID, dans le cadre de SCAPES, une nouvelle coalition nationale pour la défense de l’environnement et trois coalitions régionales d’OSC (LAMPOGNO, COCAZ, TMTI) sont aujourd’hui en mesure d'identifier, de surveiller et de dénoncer la criminalité liée aux espèces sauvages. Les gardes communautaires et le personnel des aires protégées sont mieux formés à l'utilisation des techniques de surveillance de l'application de la loi en utilisant le logiciel de conservation SMART qui permet d'adopter une meilleure surveillance du commerce et des techniques de surveillance des aires protégées dans tout le pays. Et le Ministère de l'environnement, de l'écologie et des forêts et ses partenaires au développement ont préparé et adopté avec succès un plan de gestion de la biodiversité pour les essences de bois précieuses des genres Dahlbergia et Diospyros.
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